samedi 30 avril 2016

Interlude 1: Rencontre mouvementée

INTERLUDE
Rencontre mouvementée



     Une route de terre à travers la jungle. Tout est calme, les feuilles des arbres étaient bercées par le vent et par le son que produisaient les oiseaux. Des fougères empiétaient un peu sur la route légèrement boueuse.
     Un puissant vrombissement semblable à un rugissement perturba alors le calme ambiant. Un quad traversa la route à toute allure secouant les fougères à son passage et envoyant de la boue sur les côtés. Les oiseaux, jusque là posés sur une branche, s’envolèrent brusquement, effrayés.
     L’homme qui conduisait ce quad avait la peau noire. Il portait sur lui un t-shirt blanc avec un col V. Son short noir flottait, fouetté par la vitesse de l’engin. Il était chauve, laissant ruisseler des goûtes de sueur sur son crâne luisant. 
     Barry était en retard et cela faisait dix bonnes minutes qu’il conduisait son quad pour rejoindre l’enclos des Vélociraptors situé dans la Restricted Area, au nord d’Isla Nublar. C’est ici qu’Owen Grady et son assistant –Barry- travaillaient sur le projet IBRIS à la solde d’InGen et de sa branche sécurité dirigée par Vic Hoskins. Owen avait demandé à Barry de le rejoindre sur l’île en 2013 pour l’aider dans ce projet.
     Il était un ami de longue date d’Owen Grady. Le français de 38 ans avait travaillé au zoo d’Asson dans le Sud-Ouest de la France où il s’occupait des fauves pendant 5 ans.
     Il arriva à sa destination. Il se gara à côté d’un petit entrepôt où était stockée la nourriture des animaux. Il coupa le contact.
     - Tout est prêt, on t’attendait Barry, annonça Owen.
     Il portait un débardeur gris qui mettait en valeur ses bras musclés. Son bermuda beige était attaché à l’aide d’une ceinture noire. Il avait les cheveux châtain ainsi que les yeux marron.
     Owen s’approcha de Barry et lui serra fermement la main.
     - Désolé, j’ai eu un petit contretemps avec la direction du parc, se défendit Barry.
     - Tu es prêt ?
     - Ah fond !
     - Alors allons-y, j’espère qu’ils seront réceptifs aujourd’hui, car là on stagne.
     - Allons Owen, tu vas y arriver un jour, t’inquiète pas pour ça tu fais du bon boulot, le rassura Barry.
     Les deux amis prirent la direction de l’escalier situé à droite du sas de sécurité composé d’épais barreaux métalliques. Arrivés en haut, plusieurs personnes les attendaient.
     - On va pouvoir commencer, articula Owen.
     Il se dirigea vers la passerelle en forme de croix qui surplombait un espace octogonal dont un côté communiquait avec le reste de l’enclos dans la jungle. Barry, quant à lui, partît sur la passerelle qui faisait les contours de cet espace.
     Un vétérinaire s’approcha accompagné d’un jeune homme d’une vingtaine d’année.
     - Monsieur te cherchait, dît le vétérinaire au français.
     Barry le remercia et le vétérinaire repartît laissant le jeune homme planté devant lui.
     - Tu es le nouveau c’est bien ça ?
     - Oui, je m’appelle Léon.
     - Enchanté, moi c’est Barry.
     Léon était habillé avec un maillot à longues manches noires ce qui eut pour effet de faire rire l’assistant d’Owen. Ses longs cheveux noirs étaient attachés en queue de cheval
     - Tu aurais du mettre un t-shirt et de couleur clair de préférence. Tu vas mourir de chaud. Par contre mais un bonnet demain.
     Léon regarda le français, essayant de comprendre ce qu’il voulait dire.
     - Pour tes cheveux, ils peuvent te les attraper.
     Le jeune homme marmonnait des choses inaudibles en rapport avec son maillot.
     - Je dois faire quoi ? Demanda ce dernier.
     - Observe l’exercice, car demain tu en feras parti.
     Owen se trouvait toujours sur la passerelle, un homme venait de lui donner un seau rempli de rats morts.
     L’espace en dessous était composé de quelques buissons par endroits et le sol était recouvert de copaux de bois.
     - Blue ! Delta ! Charlie ! Echo !
     Owen siffla à plein poumon à plusieurs reprises.
     Rien.
     Il siffla une nouvelle fois.
     - Je sais que vous êtes là, ne soyez pas timide ! Vous avez mal dormi c’est ça ? Dit-il, rigolant à sa propre blague.
     Puis les fougères de l’espace jungle se secouèrent et 4 vélociraptors en sortirent en courant.
     - Stop !
    Les dinosaures s’arrêtèrent net.
    - Voila c’est bien, fît-il en pressant à plusieurs reprises son clikers.
   Le raptor en tête avait la peau grise et un long trait bleu s’étendait de son œil jusqu’au bout de sa queue de chaque côté. Il s’agissait de la beta : Blue. A sa droite, se tenait Charlie qui possédait une robe verte clair à traits verts foncés. Delta se tenait à la gauche de Blue, un vélociraptor couleur émeraude. Echo était celle la plus à gauche de la beta, elle avait une peau écailleuse marron et bleue par endroits. Elle portait une longue cicatrice sur le museau.
     Owen saisi un rat et le lança à Echo.
     - Tiens, c’est pour toi Echo.
     Le raptor bondit et attrapa son repas avec sa gueule en plein vol.
     Owen prît un autre rat.
     - Pour toi Delta
     Il effectua la même opération et l’animal bondît également.
     - Et voila pour toi Charlie.
     Il jeta le rat. Charlie ne bougea pas d’un centimètre. Le rat tomba au sol. Puis Charlie le prît dans sa gueule sans l’avaler et le déposa devant Blue.
     - Non Charlie, celui-là était pour toi.
     Owen en jeta un autre vers le raptor. Finalement il bondît et mangea.
     - C’est bien Charlie, lâcha t-il en pressant plusieurs fois son clikers pour féliciter l’animal. Et voilà pour toi Blue.
     La beta mangea ce qu’on lui donna sans broncher.
     - Lâche le cochon Fred, cria Owen.
     L’homme à la veste sans manches kaki s’exécuta et appuya sur un bouton d’une télécommande. La trappe située contre un mur s’ouvrît et un cochon sortît. Il était complètement apeuré. La trappe se referma derrière lui, laissant l’animal seul face à 4 prédateurs affamés.
    - On ne bouge pas, cria Owen aux raptors qui fixaient attentivement le cochon. Bien, restez comme ça. C’est parfait !
    Puis au moment où il allait appuyer sur son clikers, Echo bondît sur le cochon en poussant un cri aigue. Ses bras étaient écartés, sa gueule était grande ouverte. Il retomba sur le cochon en plantant ses griffes rétractiles de ses pieds dans l’abdomen de l’animal. Le cochon poussait des cris de détresse un court instant avant qu’Echo lui brise la nuque avec sa gueule aux dents acérées.  
    Il lui arracha le groin. Devant ça Blue claqua sa mâchoire et Echo, qui avala le groin, due ramener le cadavre de l’animal vers la beta. Blue commença à lui dévorer le ventre. Son museau était plein de sang et des morceaux de chair pendaient de sa mâchoire.
     Owen se tourna vers Barry et échangèrent un regard.
     - C’est tout pour ce matin, prononça l’ex soldat de la Navy. Je vais noter le résultat de l’exercice Barry, tu n’as qu’à m’attendre en bas.
     Barry acquiesça.
     - Si j’ai bien compris, l’exercice est raté. Fît le nouveau encore choqué par ce qu’il avait vu, son visage était pâle comme de la craie.
     - Il y a des jours comme ça… Ce sont des animaux très malins mais aussi très têtus. En tout cas, ça ne sera pas demain qu’ils seront présentés au public. S’ils ne savent pas se retenir face à un cochon, alors je ne te dis pas sur un humain… Bien, je vais te montrer ton travail.
     Barry se dirigea vers l’escalier métallique avant d’être interpellé par Léon.
     - Vous pouvez me présenter les animaux ? Fît-il en hésitant. Je voudrais quand même savoir avec qui je vais travailler…
     Barry frotta son crâne humide. Il réfléchît un instant. Finalement il accepta et commença la présentation sur la passerelle en croix où se tenait Owen précédemment.
     - Je te présente Blue ! C’est la beta, c’est celle qui a un long trait bleu. Ensuite on a celle en dessous de Blue : Delta. Elle a une robe émeraude magnifique à mon goût. C’est la diplomate du groupe. Ensuite nous avons Charlie, c’est celle qui est verte clair avec des traits verts foncés. Elle est la plus dévouée à Blue, comme tu l’as pu le remarquer tout à l’heure.
     Léon agitait la tête machinalement.
     - Et enfin, poursuivît Barry, nous avons Echo.
     Echo était en train de renifler la trappe des cochons, elle avait compris qu’ils se trouvaient juste derrière. Avec ses griffes acérées sur ses mains, elle griffait la trappe, tentait de l’ouvrir. Elle parvint à la soulever légèrement. Elle poussa un cri strident.
     - Non Echo, intervint Barry, laisse ces cochons tranquilles !
     L’animal se retourna et claqua de la mâchoire pour désapprouver.
     - Ne soit pas si agressive. Allez va rejoindre les autres maintenant.
     Echo arrêta d’harceler les pauvres cochons et se dirigea vers le reste du groupe.
     - Barry… Je crois que j’ai un problème, fît Léon dans le dos de Barry, inquiet.
     Barry se retourna, se demandant qu’est-ce qu’il pouvait bien arriver au nouveau.
     - Qu’est-ce qu’il y a ?
     - Regardez, en bas.
     Barry se colla contre la rambarde et se pencha vers l’enclos. Soudain il vît Blue… De son mètre quatre-vingt de haut, elle ne bougeait pas. Elle observait fixement Léon tout en plissant les paupières.
     - Continue à la regarder Léon, lui conseilla Barry.
     Blue continuait à l’observer, calmement, tranquillement.
     Léon se sentait mal à l’aise. Elle regardait droit dans ses yeux, comme si elle fouillait dans sa tête.
     - Surtout ne baisse surtout pas les yeux, renchérît le français.
     Blue commença à avancer délicatement. Ses pieds griffus raclaient les copaux de bois dispersés partout dans l’enclos sur le sol. Une de ses griffes au niveau du pied tapota le sol. Charlie se retourna à l’appel. Elle imita sa beta.
     - Continue à observer Blue c’est le plus important.
     - Mais je n’y arrive pas, se plaint Léon tout en regardant droit dans les yeux le spécimen en question.
    Une goute de sueur coula sur son nez. Il n’en pouvait plus.
    Blue était en train de montrer toute ça puissance. Elle testait Léon et montrait sa domination.
     Soudain Léon baissa les yeux et regarda Barry. Les lèvres de Blue se tirèrent légèrement vers l’arrière de son crâne. Comme si elle souriait. Puis elle partît dans la partie jungle accompagnée de Charlie.
     - T’es foutu, indiqua Barry en partant vers l’escalier. Elle a montré qui était le plus fort et tu t’es soumis à elle.
     Léon suivit Barry jusqu’au sas sécurisé.
     - Désolé Barry, j’aurais due continuer à la regarder.
     - Pourquoi t’excuses-tu ? De toute façon ce n’est pas mon problème c’est le tient. Je te conseille de ne pas trop t’approcher d’eux en tous cas.
     Barry appuya sur le bouton d’une console à droite de la porte. Un son retentît comme dans les prisons, la porte se déverrouilla. Il l’ouvrît et entra. Il ferma ensuite la porte avant même que Léon puisse rentrer.
     - Réservé au personnel qualifié, indiqua Barry.
     - Et moi je fais quoi ? Demanda le nouveau.
     - Occupe-toi des cochons, donne leur un peu à manger. Leur enclos est juste à côté.
     - Et après ?
     - Reviens me voir.
     Léon partît en courant concentré sur sa tâche dans son nouveau travail qu’il avait décroché il y a peu.
     Owen se trouvait juste derrière Barry. Assis sur un tabouret, il complétait une feuille de renseignement.
     - Décevant n’est-ce pas ? dit celui-ci.
     - Il y a des jours comme ça, tu les connais bien plus que moi.
     - Ils me rappellent Lima… 
     Lima était une femelle vélociraptor. La toute première. Avant même la naissance de Blue, Delta, Charlie et Echo. Elle avait était découverte en 2002 durant la construction du parc. Elle fût ensuite utilisée pour le projet IBRIS. Mais c’était un animal sauvage, elle ne supportait pas d’être enfermée dans un enclos. Lima était vraiment très docile et Owen avait du mal à travailler avec elle. Jusqu’au jour où elle s’échappa. Elle se blessa grièvement et mourût suite à celles-ci, devant les yeux d’Owen. Cet incident l’avait beaucoup affecté… C’est pour cette raison que les raptors de cet enclos furent créés.
     - De ce que tu m’avais dit, Lima était beaucoup plus indocile. Mais tu vas y arriver Owen, pas maintenant mais plus tu vas travailler avec eux, plus tu vas y arriver. Ils sont très intelligents.
     - C’est justement ça le…
     Owen fut coupé par la sonnerie de son téléphone.
     - Hoskins ! Ca faisait longtemps…
     Il ne supportait pas Vic Hoskins, cet homme corpulent et directeur de la branche sécurité d’InGen. Il s’occupait du bon fonctionnement du projet IBRIS. Masrani voulait des vélociraptors pour le public, lui les voulait comme drones naturels pour l’armée. En complet désaccord avec Owen.
     - Ok, à demain alors.
    Il raccrocha.

    - Notre cher ami va nous rendre visite demain ! Annonça Owen, avec sarcasme.

mercredi 27 avril 2016

Chapitre 4: Gène Ethique

Chapitre  IV
Gène Ethique



     John poussa les portes boisées et enluminées de squelettes de dinosaures. Accompagné du reste de sa famille, il entra dans le petit hall du Samsung Innovation Center. Les portes automatiques vitrées coulissèrent instantanément.
     Un hologramme de Spinosaure les accueillît. Il était tout bleu et on pouvait voir à travers. L’animal se dressait sur ses puissantes pattes arrière. Sa tête qui ressemblait à s’y m’éprendre à un crocodile, observait les alentours de ses yeux perçants. Sa cage thoracique se gonflait puis se dégonflait, faisant redresser l’animal à chaque inspiration. Puis, il bascula la tête vers le bas. Lorsqu’il la remonta, un hologramme de poisson était apparu dans sa gueule. Le Spinosaure le secoua violemment quelques secondes et l’avala en soulevant la tête vers le ciel.
     Celui-ci se trouvait au centre de la pièce. John pouvait voir sur la droite un escalier en colimaçon non sans rappeler un brin d’ADN. L’escalier tournait autour d’un pilier couleur ambre qui s’élevé jusqu’au plafond penché du bâtiment. Le somment du bâtiment se trouvait donc a une dizaine de mètres de haut. Ce toit en forme de cône était rayé de la base au sommet par des vitres dont certaines étaient ouvertes évacuant la chaleur produite par les nombreux engins informatiques et par les visiteurs eux-même. Le Samsung Innovation Center était composé de deux séries d’étages, qui formaient des boucles dans le toit conique.
     En plus des différents panneaux informatifs et de la console des commandes de l’hologramme au centre de la pièce, John scrutait la statue en bronze du fondateur de Jurassic Park avec sa canne connue par tous les visiteurs. Cette fameuse canne avait un morceau d’ambre sphérique en guise de poignée. Une plaque commémorative était accrochée sur le piédestal de la statue :

« En la mémoire de John Parker Hammond (1928-1997), fondateur de International Genetic Technologies (InGen), créateur de Jurassic Park. Sans lui, Jurassic World ne serait resté qu’un rêve, de l’encre sur du papier.
 Simon Masrani                                
Août 2005 »

     Marc et Lizzy étaient partis à gauche de John, vers un tas de sable où sortaient des fossiles de ce qui semblait être un Tricératops. Ils observaient les enfants en train de balayer à coup de pinceau le sable se trouvant sur les fossiles. Ils leurs rappelaient John et Clarissa quand ils étaient enfants.
     Quand ils étaient à la plage, ils creusaient tous les deux dans le sable, puis ils criaient en courant vers leurs parents. Regardez, on a trouvé un os de T-rex ! disaient-ils en cœur tenants une vulgaire branche entre les mains. C’était le bond vieux temps, se dît Lizzy, maintenant ils ne font que se chamailler pour un rien.
     John était passionné par les dinosaures depuis début 2005, il avait 6 ans. Jurassic World avait commencé à diffuser ses publicités en raison de l’ouverture imminente du parc. On y voyait des Apatosaures, des Tricératops, des Stégosaures… Tous se baladaient dans une clairière, paisibles. Une sorte de boule en verre, semblable à celle d’un hamster, circulait entre ces mastodontes et ont pouvait y voir la réaction des deux passagers, impressionnés.
     La passion de John avait envahit un temps Clarissa. De toute façon Jurassic World était dans les têtes de tout le monde à l’époque, tout comme l’accident de San Diego en 1997. Hammond avait fait un discours cette fois là. Il expliquait que les dinosaures devaient vivre sans les Hommes, sans « interférences ».
     Isla Sorna -le Site B-  étant désormais connu, des braconniers commencèrent à se servir sur l’île. La plupart ne revenait pas indemne, voir pas du tout. Lors de ses derniers jours, John Hammond avait apprit ces nouvelles et proposa à Simon Masrani, lors du rachat de InGen par Masrani Global, d’endiguer le braconnage et le tourisme illégal en construisant un parc dans les vestiges du premier, sur Isla Nublar. Même si les animaux seraient alors en contacte avec l’Homme, au moins il les savait en sécurité. Quelques jours plus tard, il rendit l’âme, son nouveau rêve était alors déjà en projet.
     Clarissa avait les mains sur les hanches. Ses cheveux blonds étaient encore humides et tombaient sur ses épaules. Elle observait l’hologramme du Spinosaure.
     - Je le trouve mignon ce dinosaure, sa crête est vraiment magnifique !
     - Tu diras ça quand il sera en train de te bouffer, plaisanta John.
     - Je vois que mon frère se lance dans l’humour. Dît-elle, vexée.
     - Je vois que ma sœur s’interesse enfin à autre chose qu’à son nombril, lui renvoya son frère.
     C’était la parole de trop pour Clarissa. Elle sera les points, commença à marcher d’un pas déterminé vers John. Arrivée à un mètre de lui, ses baskets blanches produisirent un couinement inhabituel qui raisonna dans la grande pièce. Puis elle glissa lamentablement en arrière. Tous les regards étaient tournés vers elle. Des adolescents japonais étaient pliés de rire au lieu de lui porter secours. C’est ça rigolez, heureusement que vous n’êtes pas en face de moi bande de morveux, pensa-t-elle.
     Soudain une main se tendit, elle la saisie et se releva. Elle posa les yeux sur la personne qui l’avait aidé : John. Etonnamment il ne rigolait pas et semblait sérieux.
     - Tu vas bien ? Demande celui-ci.
     - Oui… Oui, je vais bien, mentit Clarissa.
     Elle avait affreusement mal au coccyx mais essayait temps bien que mal de le dissimuler.     
     - Viens avec moi, tu n’as qu’à t’assoir un peu, fit-il.
Elle le suivit jusqu’à un banc situé près de l’entrée, juste derrière leur position précédente.
     - Ne fais pas attention à eux, ils sont complètements débiles, s’énerva John en fixant longuement les touristes japonais qui baissèrent les yeux.
     A cet instant Clarissa comprît quelle avait le frère parfait finalement. Il aimait la taquiner mais prenait soin d’elle. Elle comprît ensuite que ce n’était pas réciproque, que si c’était lui qui avait glissé, elle ne l’aurait peut-être pas aidé. « Tendre la main » cela peu paraître un geste anodin pour certains mais pour Clarissa non. Son frère l’avait aidé et elle en était heureuse.
     - Merci, lui dit-elle timidement, ses yeux bleus fixant ceux de John.
     - C’est normal, on est frère et sœur, on est fait pour s’entraider, non ?
     Clarissa fit « oui » de la tête tout en frottant énergiquement son coccyx pour évacuer la douleur.
     - Ca va mieux ? On a qu’à aller voir papa et maman pour savoir ce qu’on fait. D’accord ?
     Ils se levèrent et rejoignirent Marc et Lizzy qui se trouvait face à un des télévisions qui expliquaient comment avait eu lieu l’extinction des dinosaures.   
     Marc les vît arriver près d’eux.
     - Ah vous voila ! Déclara-t-il.
     - Oui nous avons eut un petit… Accident, indiqua John sous le regard approbateur de Clarissa.
     - Bien alors dans ce cas nous pouvons aller au laboratoire.
     Les Smith partirent vers le fond de la pièce, juste derrière la statue de John Hammond. Au dessus de l’entrée du laboratoire était écrit : Hammond Creation Lab.
     L’attraction en question s’étirait sur un long couloir aux murs vitrés donnants sur différents labos. Le sol était bétonné mais de couleur noire. Des néons éclairaient ce large couloir où les visiteurs s’amassaient aux vitres.
     Marc se mît en tête du groupe comme à son habitude, suivit par John, Clarissa et Lizzy. Marc était dans son élément, lui aussi était scientifique mais dans un laboratoire médicale. Autant dire qu’il connait bien ce qu’est l’ADN.
     John n’avait pas un esprit scientifique comme son père, il était plutôt littéraire à vrai dire. Préférant les livres paléontologiques aux microscopes hight-tech. Combien de livres sur les dinosaures ou de science-fiction possédait-il ? Il ne le savait même pas.
      Les Smith s’approchèrent de la première vitrine située à gauche. En haut avait été accroché un panneau rectangulaire aux côtés arrondis indiquait : EXTRACTION.
      Tout le laboratoire était blanc, des tables aux chaises hautes, du sol au plafond. Au fond du pôle étaient installées des sortes de cuves métalliques. Puis sur la gauche était accroché plusieurs télévisions à l’horizontale ou à la verticale qui diffusait des brins d’ADN. Les tables étaient équipées de différents postes de perçages. Un scientifique en blouse blanche et équipés de lunettes de protection perçait un morceau d’ambre à l’aide d’une perceuse spécifique.
     Le morceau d’ambre mesurait au moins 15 centimètres de haut pour 12 centimètres de large. Sa couleur orange transparente était magnifique, surprenante. John n’avait jamais vu une chose pareille. Bien sûr il en avait déjà vu à la télé dans les différents reportages ou publicités, mais il ne pensait pas que cette résine fossilisée était aussi grosse. On pouvait également apercevoir que l’ambre contenait un moustique pas plus gros que le petit doigt.
     John et Clarissa était devant la vitre, Lizzy et Marc se tenaient juste derrière eux.
     - Qu’est-ce qu’il fait ? Demanda l’adolescente, fascinée par le fossile orangé.
     John pointa du doigt une télévision située au dessus de leurs têtes.
     - Regarde, ils t’expliqueront mieux que moi, répondit son frère.
     Clarissa releva la tête. Un personnage en forme de brin d’ADN prenait vie à l’écran.
     - Bonjour chers visiteurs et bienvenue au Hammond Creation Lab ! Fit le petit brin d’ADN. Je me présente, je m’appelle Monsieur ADN et serais votre guide tout au long de ce formidable voyage au cœur d’un incroyable laboratoire. Le seul et l’unique laboratoire du monde qui redonne vie aux dinosaures. Justement, comment nos scientifiques ressuscitent ces animaux extraordinaire ? Tout d’abord, vous voici au pôle EXTRACTION, notre voyage commence maintenant ! Jurassic World dispose de nombreux paléontologues qui recherchent dans le monde entier l’ambre. Ce que nous appelons « ambre » est une résine fossilisée qui contient un moustique, qui contient le sang, donc l’ADN, d’animaux préhistoriques. Un peu comme les poupées russes ! Le rôle de ce pôle est de percer l’ambre jusqu’au moustique.
     Le scientifique alluma sa perceuse à ce moment précis et fit pénétrer la petite tige métallique dans l’ambre jusqu’au moustique, comme indiqué précédemment par Monsieur ADN
     - Ensuite, reprît-il, nous utilisons une seringue pour recueillir le sang du dinosaure. Jusque là rien de très compliqué ! C’est maintenant que les choses bon se gâter, suivez-moi.
« Passage au pôle sur votre droite » apparut
     Les Smith suivirent le mouvement vers la droite pendant que le scientifique en blouse blanche injectait le sang dans des tubes en verre.
     Une longue table blanche était étendue sur toute la largeur du pôle SEQUENCAGE. 3 scientifiques étaient en train de travailler tandis que 4 imposantes machines étaient alignées, au fond, derrière eux.
     Monsieur ADN apparu alors sur le fond bleu jusqu’alors vide.
     - Nous arrivons ensuite au pôle SEQUENCAGE. Un maillon crucial de cette aventure. Le sang est décrypté dans nos puissants séquenceurs situés au fond de la pièce. Nous pouvons alors découvrir de quelle espèce il s’agit grâce à la reconstitution de son génome. Des millions de fragments de code génétique sont ordonnés pour obtenir des chromosomes de dinosaure.
     Un des scientifiques se leva de sa chaise haute et se dirigea vers les séquenceurs. Il y déposa le sang et appuya sur différents boutons. L’opération effectuée, il reprît sa place d’origine.
     Les visiteurs passèrent au pôle suivant, l’ASSEMBLAGE. Monsieur ADN reprît son monologue.
     - Le sang du dinosaure étant vieux de plusieurs millions d’années, son code génétique est donc incomplet. Nos généticiens ont eu l’idée d’y inclure de l’ADN de différents animaux présents actuellement sur terre comme la grenouille, l’iguane, etc. Le sang est donc complet et nous pouvons donc donner vie à notre dinosaure.
     Le pôle se trouvait au bout du petit couloir. Les Smith se trouvaient encore devant le groupe de visiteurs maintenant composé d’une vingtaine de personnes. Ils étaient de nationalités, d’âges et de tailles différentes. Ils prenaient en photo les scientifiques en pleine action. Pour une fois que ce ne sont pas les dinosaures qui sont enfermés et prient en photo.
     La pièce était de la même que les autres et de forme carrée. Une grande étagère où des blocs d’ambres étaient exposés en fond. Des tables étaient également dispersés ici et là.
     Un scientifique s’approcha de la vitre au grand étonnement des visiteurs.
     - Bonjour à tous ! Quelqu’un a-t-il des questions ? Commença-t-il.
     Tous les visiteurs se regardèrent, comme s’ils attendaient que quelqu’un réponde. John observa les autres puis sauta sur l’occasion de pouvoir discuter avec un scientifique de Jurassic World.  
     - On a découvert récemment que les dinosaures, du moins certains, portaient des plumes. Pourquoi continuer à créer des dinosaures à écailles alors ? Demanda John, presque fier de sa question.
     Le scientifique aux cheveux bouclés blonds et aux yeux bleus réfléchît un instant, puis reprît la parole derrière la vitre.
     - Donc… Nous y travaillons actuellement depuis quelque temps déjà. Mais la tache est plus compliquée que prévue malheureusement. Nous avons fait quelques tests sur plusieurs spécimen avec de l’ADN de poule. Mais à chaque fois nos embryons ne tenaient pas le coût pour une raison que nous ne connaissons pas encore.  Ensuite nous ne voulons pas brusquer nos visiteurs en remplaçant nos dinosaures actuels par une version plus moderne, cela aurait pour effet de diminuer notre chiffre d’affaire. Mais dès que nous aurons trouvé la solution à ce problème, nous procéderons à un remplacement progressif de nos spécimens pour ne pas bouleverser l’image du dinosaure qu’ont les visiteurs. Voila, articula-t-il tout en souriant. Une autre question ?
     John vît qu’un groupe de scientifiques étaient penchés vers une feuille, littéralement étonnés.
     - Que se passe-t-il ? Questionna le jeune homme.
     Le scientifique hésita en se caressant nerveusement la mâchoire et en regardant dans le vide.
     - Normalement je n’ai pas le droit de le dire mais je vais vous le dire quand même. Nous avions un doute sur un échantillon d’ADN prélevé dans un moustique. Nous venons de recevoir le bilan et il est… Comment dire ? Perturbant. L’ADN ne correspond à aucun autre dans notre banque de données.
     - C’est-à-dire ? Demanda Marc, intrigué.
     - C’est-à-dire qu’il s’agit d’une nouvelle espèce…
     Les visiteurs se penchèrent alors de plus prêt vers la vitre et mitraillèrent le pôle avec leurs appareils photo.
     John n’en revenait pas. Il assistait à la découverte d’une nouvelle espèce, juste devant ses yeux.
     Les scientifiques étaient aussi surpris. Soudain, un homme, de type asiatique, cheveux noirs coupés cours, entra. L devait s’agir du chef du labo. John l’avait déjà vu quelque part.
     Marc approcha sa bouche de l’oreille de John et lui chuchota :
     - Prend une photo, c’est Henry Wu !
     John l’avait déjà en main et prît la photo.
     - Merci, chuchota son père en lui adressant un clin d’œil.
     Henry Wu adressa quant-à-lui un sourire au scientifique qui s’occupait des visiteurs.
     - Une dernière question ? Car je vais devoir reprendre les recherches.
     Un québécois prît alors la parole.
     - Vous pensez qu’il s’approche de quelles espèces ?
     - D’après ce que nous avons vu, il se situerait entre le Tyrannosaure et l’Allosaure. C’est tout ce que je peux vous dire.
     Il salua les visiteurs puis retourna auprès de ses collègues. Les visiteurs se retournèrent pour accéder à l’ECLOSERIE où Monsieur ADN avait déjà débuté ses explications.
     - … sont enfin incubés. Et c’est ici que seront stockés les œufs dans des couveuses jusqu’à ce que l’embryon soit suffisamment développé pour être transféré à la NURSERIE.
     Des couveuses. Des couveuses à perte de vue. John ne voyait que cela. Il prît en photo une des très nombreuses machines. Combien y a-t-il d’œufs ? Au moins une centaine, une dizaine par couveuse, de quoi alimenter le parc en dinosaures pendant de longues années.
     - Veuillez passer sur votre droite pour finir notre aventure ! Reprît le personnage animé.
Ils arrivèrent au dernier pôle.
     - Nous voici à la NURSERIE ! Là où tous les bébés dinosaures naissent. Les dinosaures ne sont pas aidés par nos scientifiques lorsqu’ils cassent leurs coquilles. Cela permet de voir les spécimens les plus forts et les plus faibles. La vi trouve toujours son chemin ! Vous vous demandez peut-être combien y a-t-il eu de naissances depuis ce matin ? Et bien nous en sommes à deux, un Brachiosaurus et un Dilophosaurus !
     La nurserie ressemblait à s’y méprendre à l’écloserie. Des couveuses étaient installées partout avec de nombreux œufs. Des scientifiques se baladaient entre-elles, et gribouillaient des informations sur un bloc notes.
     - C’est ici que se termine notre épuisant voyage dans la génétique. Maintenant que vous savez comment sont créés nos dinosaures, il est temps pour vous de partir à leur découverte dans le parc si ce n’est déjà fait. N’hésitez pas à consulter nos brillants scientifiques si vous voulez de plus amples informations ! Ne soyez pas timides, ils ne mangent pas ! C’était Monsieur ADN, à votre service.
     Le brin d’ADN tourna alors sur lui-même et disparut dans le fond bleu clair de l’écran.

     John avait apprécié cette visite même si la génétique ne l’intéressait pas énormément. Mais il avait très bien comprît que cette attraction n’était qu’une sorte d’usine au service du profit. Créer la vie pour de l’argent… 

mercredi 20 avril 2016

Chapitre 3: Comme un poisson dans l'eau

Chapitre 3
Comme Un
Poisson dans l’Eau



     Les portes coulissantes automatiques s’ouvrirent. Marc Smith était en tête du groupe, juste devant John. La famille entra dans le Hilton Isla Nublar Resort. Ils trainaient leurs lourdes valises derrière eux. Les roulettes produisaient un son sur le carrelage en pierre noire non sans rappeler celui d’un train sur les rails.
     Le hall de l’hôtel était extrêmement lumineux grâce à ses larges et hautes vitres soutenues par des poutres métalliques peintes en blanc.  Dehors, à travers les vitres, l’île dans toute sa splendeur : soleil, montagnes, végétation luxuriante, le lagon, d’autres bâtiments de plusieurs étages. Le carrelage noir était vraiment propre, un parfum frais flottait dans l’air.
     On pouvait remarquer la réception prise d’assaut par les nombreux touristes qui attendaient pour obtenir leurs chambres. Les Smith en faisait parti, mélangés à d’autres américains, à des japonais, des russes, des français… La plupart avaient la tête baissée dans la brochure de Jurassic World, observant la carte, ses informations, les logos. Certains semblaient vraiment enthousiastes en remarquant certaines attractions qui leurs donnaient envie.
     John savait laquelle il avait envie de voir en premier : le Mosasaur Feeding Show !
    Ce fut alors le tour des Smith. La réception était composée d’un présentoir en bois foncé, imitant l’écorce d’un arbre. Derrière était agencée une longue armoire en bois clair avec de nombreux tiroirs.
     Marc s’approcha en premier, devant la réceptionniste. Elle arborait une chemise marron rentrée dans sa jupe beige. Un badge en forme du logo de Jurassic World -qu’à la place du nom du parc était noté « Julia »- était accroché sur sa poitrine, côté droit.
     - Bonjour, fit-elle aux Smith, et bienvenue au Hilton Isla Nublar Resort !
     - Bonjour, nous avons réservé deux chambres au nom de « Marc Smith » s’il vous plait, dit alors Marc.
     Julia hocha la tête en guise de « oui » et pianota sur  son ordinateur.
     - Marc Smith, né le 28 mai 1969, commande n°165F ? demanda-t-elle, les yeux rivés sur l’écran de l’ordinateur.
     Marc regarda son ticket de réservation.
     -  C’est bien ça, dit-il.
     La réceptionniste se retourna et tira l’un des tiroirs de l’armoire. Elle balada ses doigts à travers les clefs magnétiques, en saisit deux et les tendit à Marc.
     - Nous avons été surclassé ? Interrogea celui-ci avec humour.
     Julia fit un sourire et répondit :
     - Non, vous n’aurez pas la suite John Hammond. Mais vous aurez les chambres 306 et 307 !
     La suite John Hammond ! Pensa John. Cette suite est mythique. Barack Obama, Nelson Mandela, Léonardo DiCaprio… Tant de célébrités avaient séjourné dans cette suite ! Rien que le nom représente à merveille cette dernière. L’homme qui ramena à la vie une espèce disparue depuis des millions d’années ! Et son discours en 1997 après l’accident de San Diego ! Je n’étais pas né mais ce discours était aussi connu que celui de John Fitzgerald Kennedy à Berlin en 1963. Puis Simon Masrani réalisa le souhait qu’avait confié  d’Hammond avant sa mort en 1997, avec l’ouverture de Jurassic World en 2005.
     - C’est déjà bien, articula Marc, ne savant plus quoi dire.
     Derrière eux, Lizzy et Clarissa commençaient à s’impatienter. Elles soufflaient, regardaient l’heure toutes les 10 secondes, secouaient leurs pieds nerveusement… Quand Marc se retourna, elles utilisaient leurs brochures comme des éventails. Elles avaient très chaud.
     - Papa, dis-moi qu’il y a la climatisation, demanda Clarissa.
     Marc passa devant elle sans rien dire. Ce qui eu pour effet d’énerver sa fille et de faire rire John. Finalement Marc lui répondit sèchement :
     - De toute façon on ne va pas passer nos journées dans l’hôtel, Clarissa.
     - Tu ne réponds pas à ma question papa !
     - Merci de me le rappeler, j’avais déjà oublié.
     Marc sourit et sa femme aussi, ils aimaient taquiner leur fille, leur premier enfant.
     Ils prirent ensuite les escalators pour rejoindre une mezzanine où se trouvaient quelques magasins, librairies, à leur gauche. Ils allèrent à droite et prirent l’ascenseur. Ils étaient serrés comme des animaux dans cette cage suspendue. Un petit air de jazz était diffusé, puis une sonnette retentit. Les portes coulissantes de l’ascenseur s’ouvrirent, ils purent enfin respirer !
     Ils marchèrent dans un couloir du 5ème étage, accompagnés de leurs fidèles valises. Le sol était recouvert d’une douce moquette verte récemment aspirée. Elle était douce et tendre à tel point que les Smith avaient l’impression de marcher sur un nuage. Les murs étaient blancs, même pas une tâche. En même temps c’est un hôtel 5 étoiles, se dit John.
     Marc s’approcha de la chambre n°306 et sorti la clef magnétique de la porte. Il s’agissait d’une carte qu’il glissa dans une petite fente au dessus de la poignée. Un Bip se produit et une diode passa au vert. Marc ouvrît la porte.
     - Voici votre chambre, annonça-t-il à John et Clarissa.
     Ces derniers rentrèrent sans attendre. Ils passèrent un petit couloir et débouchèrent dans la chambre.
    Deux grands lits étaient collés au mur de droite, un énorme écran plat était accroché au mur à gauche. En dessous un meuble avait était installé, on y trouvait dessus une brochure, la liste des chaines de différents pays, le menu du restaurant panoramique Pteradon Deck perché au toit de l’hôtel…
     Les murs étaient tapissés de bois qui rappelait une nouvelle fois l’écorce des arbres. Tout semblait neuf, comme si l’hôtel avait ouvert il y a quelques jours. Une baie vitrée coulissante se trouvait au fond de la pièce et donnait sur la gare de monorail en contrebas et la jungle au loin.
     Clarissa posa sa valise sur le lit pendant que John poursuivait l’exploration de la chambre d’hôtel. Marc entra à son tour, laissant Lizzy, seule, dans le couloir.
     - Je vous pose votre clef sur le meuble sous la télé, fit-il en effectuant l’action.
     - Pas de problème, lui répondit John qui se trouvait dans la salle de bain. On se retrouve où ?
     Marc réfléchît un instant.
     - Et bien… Dans 10 minutes on vient vous chercher, le temps de sortir 2 ou 3 trucs.
     Il sortît de la chambre et Clarissa se laissa tomber dans le lit de droite.

*

     La chaleur… L’objectif de la plupart des vacanciers. Mais quand ils arrivent à destination, ils commencent à s’en plaindre, souffler, se lamenter. La chaleur, elle rentre, passe, partout. Traverse, se faufile partout jusqu’à ce que vous soyez noyé de sueur. C’est alors que vos habits vous collent, votre t-shirt blanc devient alors presque transparent dans le haut du dos, sous les aisselles, sur la poitrine.
     Il était 11h05 et John se trouvait exactement dans cette situation. Il faisait la queue, lui et sa famille, dans la file d’attente, sous le soleil de plomb. Et l’engorgement de l’attraction n’arrangeait pas les choses. Les visiteurs étaient collés, les uns contre les autres tel un troupeau.
     La sueur… Voila ce qui arrivait aux narines de John. Une odeur désagréable qui non seulement venait de lui –à son grand regret- mais aussi des autres, empestait le coin.
     Cela faisait 10 minutes que les Smith attendaient là, dans la file du Mosasaur feeding Show. Grâce à leurs RaptorPass -des bracelets de différentes couleurs qui leurs permettaient de doubler ceux qui n’en disposent pas dans les attractions- leurs avaient permit de gagner au moins 30 minutes d’attente par rapport aux autres.
     Les visiteurs zigzaguaient, entre deux barrières en bois peints en marron, pendant une cinquantaine de mètres à travers quelques palmiers qui apportaient des zones d’ombre par endroits. Ils arrivaient ensuite au dos d’une tribune géant. Plusieurs piliers en béton armé supportaient la lourde structure, laissant alors passer les touristes pour qu’ils puissent s’installer.
     Après avoir été aidé par quelques employés du parc, Marc se dirigea alors vers un autre escalier en béton. Des affiches orange et bleues montraient la taille du Mosasaure, ainsi que des documents sur lui.
     Ils sortirent alors du tunnel frais et débouchèrent une nouvelle fois sous le soleil. Le lagon s’étendait face à eux, avec ses eaux claires par endroits et bleues foncées à d’autres. Plus loin, à 200 mètres, se dressait une clôture électrifiée de 3 mètres de haut montrant alors la limite de l’espace réservé au gigantesque reptile marin. Plus loin encore : les plages bondées, les palmiers, les hôtels, le ciel bleu sans aucun nuages.
     John et les autres prirent place vers le centre de la tribune en arc de cercle, sur les sièges encore humides.
     - Enfin ! S’écria John, soulagé d’être enfin arrivé. Notre première attraction.
     - Ce week-end va être incroyable, fit Marc à son fils.
     Clarissa commença à se lamenter, comme à son habitude.
     - Bon, ça commence quand alors ? Demanda-t-elle.
     Lizzy la fusilla du regard. Clarissa comprit immédiatement ce qu’elle voulait dire : Tiens-toi à carreau sinon tu sais ce qu’il t’attend à la maison. Elle serait alors privée de sortie avec ses amis, confiscation de son portable… En d’autres mots : l’enfer.
     John observa les lieux. Il pouvait voir devant lui, dans le lagon, une sorte de grande poutre métallique de plusieurs dizaines de mètres de haut. Deux câbles étaient reliés au toit vouté de la tribune. A cet endroit, John vît deux hommes, dont un talkie-walkie à la main, portant un casque de chantier blanc et une tenue de poissonnier bleu.  Le jeune homme vit alors que l’autre employé en tenue de poissonnier était en train d’attacher un hameçon à quelque chose que John n’arrivait pas à discerner de sa position.
     - Heureusement qu’il y a un peu de vent, dit alors Marc, sinon nous serions cuit.
     John se tourna alors vers son père et lui sourit.
     Il aperçut ensuite une sorte de grand balcon devant lui, un peu en contrebas, avec des rambardes métalliques. Il s’étendait au dessus du lagon sur 2-3 mètres. La clôture électrifiée qui protégeait la tribune près du lagon le protégeait également. 
     Puis une femme avec un t-shirt bleu foncé et un badge Jurassic World déboucha d’une porte près de quelques personnes confortablement installés sur leurs sièges. Elle continua d’avancer jusqu’à arriver au bout du balcon.
     Ses cheveux bruns étaient attachés en queue de cheval et un micro partait de son oreille à sa bouche.
     - Bonjour à tous, fit-elle, et bienvenue au Mosasaur Feeding Show !
     Sa voix sortait des nombreuses enceintes de la tribune. Le brouhaha des visiteurs s’arrêta net pour écouter la femme.
     - Aujourd’hui nous allons nourrir un mastodonte des mers. Un reptile marin du Crétacé : le Mosasaure ! Celui-ci pouvait mesurer jusqu’à 17 mètres de long et peser jusqu’à 5 tonnes. Le Mosasaure se nourrissait de tout ce qui passait à sa portée, que ce soit des tortues ou bien des petits Mosasaures. Je vous préviens, elle un peu timide, n’hésitez pas à l’encourager !
     Quand elle dit ça, un bruit interpela John. Il leva la tête et compris qu’il s’agissait des câbles. Il se tourna donc vers l’espace situé sous le toit qu’il avait aperçu tout à l’heure.
     Un des hommes avait le pied gauche posé sur une bordure métallique, le genou gauche plié à 90°. Son coude gauche était posé sur ce genou et portait le talkie-walkie à la bouche. Il scrutait le câble avec attention et faisait des signes du bras droit –d’avant en arrière- à l’homme à côté de lui qui tenait une console pleine de boutons entre les mains.
     John vît alors un requin suspendu par la queue, avec un hameçon, descendre lentement le câble jusqu’à arriver au-dessus du lagon.
     - Regarde John, fit Marc en lui tapant sur l’épaule. J’ai lu sur un des documents accrochés aux murs, que ces requins étaient clonés au sein du parc pour éviter d’aller en pêcher en...
     Il n’eut même pas le temps de finir sa phrase qu’un grognement puissant le coupa et secoua ses entrailles. Tout le monde était impressionné par ce qu’il se passait devant leurs yeux.
     Face à eux, le Mosasaure était en train de bondir. Sa longue gueule s’ouvrit puis se referma brutalement sur le pauvre requin. Puis l’énorme animal se laissa tomber et, lorsque sa tête se claqua contre l’eau, produisit une impressionnante vague de plusieurs mètres de haut qui s’abattît sur les visiteurs qui en raffolaient.
     John était une nouvelle fois émerveillé et heureux. Il était trempé de la tête aux pieds mais cette vague était une bénédiction. Marc et Lizzy pouffaient de rire, ils ne s’y attendaient –comme la plupart des visiteurs- vraiment pas. Clarissa levait les mains en l’air, comme si elle priait. Son maquillage coulait sur ses joues mouillées.
     - J’ai mis 30 minutes pour me maquiller et voila le travaille, se plaignît-elle en regardant ses mains pleines de maquillage.
     Soudain, un bruit aigue. Le même son que produit un mécanisme rouillé. Puis les gradins commencèrent à descendre lentement.
     - Il est temps pour nous de voir notre Mosasaure d’un peu plus prêt, fit l’animatrice.
     Les gradins poursuivirent leur descente avant de s’arrêter. Les touristes se retrouvèrent face à une immense vitrine, de la taille d’un grand écran de cinéma. On pouvait admirer à travers l’eau transparente et bleue du lagon. Les rayons du soleil la traversaient.
     Le mosasaure était un reptile marin qui régnait dans les océans du Crétacé. Sa queue constituait son principal organe de propulsion. Il disposait de nageoires qui lui servaient probablement à se stabiliser et à se diriger. Il était également doté d'une mâchoire pharyngienne, c’est-à-dire qu’il possédait deux rangées de dents. Grâce à cela, une fois que la proie était attrapée, elle ne pouvait plus s’échappe. Le régime alimentaire du Mosasaurus était variable mais il appréciait beaucoup le poisson.
     Le requin descendait très lentement vers le fond du lagon, suivit d’un filet de sang pourpre quand le reptile marin réapparût. Sa queue ondulait de gauche à droite pour qu’il puisse se propulser. Il ouvrit la gueule et attrapa l’animal. Il le secoua puis l’avala.
     John sentit le regard du Mosasaure se poser sur lui un instant. M’a-t-il vu ? Que pensait-il de moi ? Ce sont les questions qu’il se posait à ce moment précis.
     Les gens bondissaient de leurs siège, criaient, prenaient en photo devant le monstre préhistorique, filmaient…
     Les gradins remontèrent doucement puis les visiteurs quittèrent la tribune, souriants. John et Marc étaient en tête, tandis que Lizzy et Clarissa les suivaient quelques mètres derrières.
     - Combien de fois voit-on ça dans notre vie ? Demanda Marc encore sous le choc.
     - Tout dépend si tu aimes regarder la télé ou pas, répondit son fils.
     - Ou est le plaisir alors ? Quand on regarde la télé on ne sent pas son corps vibrer, être secoué par l’imposant animal…
     John ne savait pas quoi lui répondre et lui sourit bêtement.
     Ils arrivèrent dehors, dans l’autre sens que la file d’attente. Les touristes qui attendaient toujours les pointaient du doigt. Ils savaient qu’eux aussi allaient y passer.
     Arrivé à la sortie de l’attraction, John demanda à son père :
     - Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

     - Ce que tu veux, lui répondit-il.